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parvient jusqu’à nous. Quiconque lit aujourd’hui l’Évangile — qu’il soit catholique, protestant, orthodoxe, membre d’une secte ou même rationaliste — se trouve dans un état d’esprit particulier. S’il ne ferme pas les yeux à dessein, il lui est impossible de ne pas se rendre compte que ces livres contiennent, sinon toute la science de la vie, du moins quelque chose de très profond et de très important. Malheureusement, cette pensée profonde et importante est exprimée en une forme si baroque que, comme le dit Goethe, il n’y a point de livre plus mal écrit que l’Évangile ; et ce qu’il y a de considérable, de grave se trouve masqué sous un tel amas de légendes niaises, n’ayant même aucun caractère poétique, qu’on demeure perplexe sur l’utilité de ce livre.

Pour y voir clair, nous n’avons d’autres commentaires que ceux donnés par les diverses Églises. Et nous savons que ces commentaires ne sont qu’un tissu de contradictions et de non-sens. Tout lecteur de l’Évangile croit donc pouvoir choisir entre deux moyens : rejeter tous les livres comme