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d’elles est cette Marie de laquelle on a chassé les sept démons et elle est la première à raconter qu’elle a vu quelqu’un près du sépulcre : peut-être, est-ce le jardinier ou bien un ange ou bien Jésus lui-même. De commère en commère, le récit se répand et parvient jusqu’aux apôtres. Quatre-vingts ans après ou affirme que le Christ avait été réellement vu, par celui-ci dans tel endroit, par celui-là dans tel autre, mais les récits divergent encore. Personne des disciples ou apôtres du Christ n’invente ; c’est évident. Mais nul non plus de ceux qui vénèrent sa mémoire n’ose démentir ce qui, pensent-ils, tend à affermir sa gloire et surtout à persuader les hommes de son origine divine et, par suite, du signe particulier qui l’a marqué. Il leur semble que ce miracle en est la meilleure preuve, et la légende croît, se répand.

La légende aide à l’extension de la doctrine, c’est vrai ; mais elle est le mensonge, tandis que la doctrine est la vérité. Il s’ensuit que la doctrine n’est plus transmise pure, mais ternie par le mensonge. Or, le mensonge appelle le mensonge. De nouvelles