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péché et chacun comprit que seul celui qui l’aurait osé aurait pu châtier.

Surprenant est le sort qui a été fait a cette parabole !

Pouvait-on mieux montrer, et par le raisonnement et par l’image, l’inutilité des tribunaux que ne le fait cette parabole ? Eh bien, ce qui y plaît aux esthètes, c’est la sentimentalité, le beau geste mélancolique. Quant au sens même, à sa raison d’être, personne ne s’en aperçoit. C’est chose très agréable que d’éprouver une émotion poétique et ce n’est pas moins agréable que de toucher de bons appointements ; quant au sens, ce n’est rien ; cela veut dire tout au plus qu’il ne faut pas médire de son prochain, qu’il est mal de dire que madame une telle a des amants. Mais pendre, guillotiner, c’est permis, c’est tout autre chose.[1]

  1. En attendant de donner la traduction intégrale du volumineux ouvrage de Tolstoï, j’arrête ici la traduction des commentaires pour passer immédiatement à la conclusion ; jointe à l’introduction et les chapitres qu’on vient de lire, elle fait suffisamment connaître l’idée dominante de l’auteur, et la méthode qu’il a suivie dans sa traduction de l’Évangile. (Note du traducteur.)