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À la fin de mai, Serge Mikaïlovitch, ainsi qu’il l’avait promis, revint de sa tournée.

La première fois qu’il vint nous voir, ce fut un soir, alors que nous ne l’attendions pas du tout. Nous étions assises sur la terrasse et nous nous disposions à prendre le thé. Le jardin était déjà tout verdoyant, et de tous côtés, à Pokrovski, les rossignols avaient établi leur domicile au milieu des massifs en pleine végétation. Çà et là d’épaisses touffes de lilas élevaient leurs têtes comme émaillées de teintes blanches ou violacées, et leurs fleurs s’apprètaient à s’épanouir. Les feuilles, dans les allées de bouleaux, semblaient transparentes aux rayons du soleil couchant. Sur la terrasse se répandait une ombre fraîchissante, tandis que l’abondante rosée du soir inondait les gazons. Dans la cour, derrière le jardin, on