Page:Tolstoï - Katia.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

alors que je ne m’occupais encore que de jouets et de livres d’étude ; et dans ces récits mon père, pour la première fois, m’apparut l’homme simple et bon que je n’avais pas connu jusque-là. Il me questionna aussi sur ce que j’aimais, ce que je lisais, ce que je comptais faire, et il me donnait des conseils. Je n’avais plus près de moi l’homme plaisant qui aimait le badinage ou la taquinerie, mais bien un homme sérieux, franc, amical, pour qui je ressentais en même temps un respect involontaire et de la sympathie. Cette impression m’était douce, agréable, et tout ensemble j’éprouvais en moi une certaine et inconsciente tension en lui parlant. Chaque mot que je prononçais me laissait craintive ; j’aurais tant voulu mériter moi-même son affection, qui jusqu’à présent ne m’était acquise qu’en qualité de fille de mon père !