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que je demeurai pleinement convaincue que j’allais aujourd’hui même être sa femme, et cette idée n’avait plus rien qui m’effrayât.

Avant le dîner, nous nous rendîmes à notre église pour y entendre les prières des morts à l’intention de mon père.

Que n’est-il encore de ce monde ! pensai-je quand nous revînmes à la maison et que je me tenais appuyée en silence sur le bras de l’homme qui avait été le meilleur ami de celui auquel je pensais. Pendant le temps où l’on récitait les prières, la tête prosternée contre la dalle froide du pavé de la chapelle, je m’étais si vivement représenté mon père que j’avais cru, en vérité, que son âme me comprenait et bénissait mon choix, et je m’étais figuré qu’à ce moment-là même cette âme planait au-dessus de nous, et que sa bénédiction reposait