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ce même jour, j’allais commencer à vivre avec une belle-mère, sans Nadine, sans le vieux Grégoire, sans Macha ? Que le soir, je n’embrasserais plus ma bonne et ne l’entendrais plus me dire, en faisant le signe de la croix, suivant la vieille coutume : « Bonne nuit, mademoiselle. » Je n’allais plus donner à Sonia des leçons et jouer avec elle ? Heurter le matin à travers la muraille et entendre son rire sonore ? Était-il possible que ce fût bien aujourd’hui que je devinsse en quelque sorte étrangère à moi-même, et qu’une vie nouvelle, réalisant mes espérances et mes vœux, s’ouvrît à moi ? Et était-il possible que cette vie nouvelle commençât pour toujours ? J’attendais Serge avec impatience, tant il m’était difficile de rester seule avec ces pensées. Il arriva de bonne heure, et c’est seulement quand il fut là