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pour m’arracher à ce sentiment mêlé de jouissance et d’effroi que ce regard avait produit en moi.

La veille du jour fixé pour le mariage, vers le soir, le temps s’éclaircit. Et après ces pluies, par où avait commencé l’été, se leva la première soirée brillante de l’automne. Le ciel était pur, rigide et pâle. J’allai me coucher, heureuse de la pensée qu’il ferait beau le lendemain pour notre jour de noce. Ce matin-là, je me réveillai en face du soleil et avec le sentiment que c’était déjà pour aujourd’hui… comme si cela m’eût effrayée et étonnée. J’allai au jardin. Le soleil venait seulement de se lever et brillait à travers les tilleuls de l’allée, dont les rameaux jaunis s’effeuillaient et jonchaient le sentier. Sur le ciel froid et serein, on n’aurait pu découvrir un seul nuage.