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Péché. Souffrance.

titutions en général ; mais les institutions qui violent la liberté et qu’on remplacerait par des institutions auxquelles les hommes se soumettraient librement, en vertu de la raison. Il semble que la Société d’hommes intelligents ne devrait pas être organisée autrement.

3. « Pourquoi le péché n’est-il pas immédiatement suivi de souffrance, l’homme verrait alors ce qu’il ne doit pas faire. » C’est parce que l’homme n’est pas seul, parce qu’il fait partie d’une société ; et comme tous souffrent réciproquement des conséquences de leurs péchés, il faudrait que tous réagissent ensemble.

4. La conscience c’est la mémoire de la société, mémoire assimilée par les individus.

5. Vieux, on revit les expériences du voyage : on pense d’abord à l’endroit qu’on a quitté, puis au voyage même, enfin au point terminus.

J’éprouve de plus en plus ce sentiment en songeant à la mort.

6. II peut arriver qu’un grand péché soit salutaire en provoquant le repentir devant Dieu, indépendamment du jugement des hommes. Un tel péché nous sort du domaine de la justice humaine, du domaine de



Karmin : L’anarchisme, par Paul Elzbacher, Paris, Y. Giard et E. Brière, 1902. On trouve là l’exposé des doctrines anarchistes de Godwin, Proudhon, Stirner, Bakounine, Kropotkine, Tucker et Tolstoï. Les deux seuls auteurs encore vivants, Kropotkine et Tolstoï, ont approuvé cet exposé de leurs idées, ce qui donne une valeur particulière à ce travail. Tolstoï écrivait, après avoir lu ce volume : « L’anarchie entre dans la phase où se trouvait le socialisme il y a trente ans : il acquiert le droit de

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