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pondait à celui de colonel. Le commissaire de police confirma la même chose ; mais Hadji Mourad fit signe de la tête qu’il le savait et sortit.

— Que faire avec un homme pareil ? dit le commissaire de police. Il te plongerait le poignard dans le dos, et voilà tout, avec ces diables on ne peut pas parler. J’ai vu qu’il commençait à se fâcher.

À la nuit arrivèrent deux émissaires montagnards couverts jusqu’aux yeux de leur bachelik. Le commissaire de police les conduisit dans la chambre de Hadji Mourad. Un des émissaires était un Taveline gras, noir ; l’autre un vieillard très maigre. Les nouvelles qu’ils apportaient n’étaient pas joyeuses pour Hadji Mourad. Les amis qui avaient voulu se charger de sauver la famille maintenant y renonçaient par peur de Schamyl, qui menaçait des supplices les plus épouvantables tous ceux qui viendraient en aide à Hadji Mourad.

Après avoir écouté le récit des émissaires, Hadji Mourad, les bras accoudés sur ses jambes croisées, la tête coiffée du bonnet, inclinée, demeura longtemps silencieux. Hadji Mourad pensait, et pensait résolument. Il savait qu’il réfléchissait maintenant pour la dernière fois et qu’une solution était nécessaire. Hadji Mourad releva la tête, puis, prenant deux pièces d’or, en donna une à chacun des émissaires et leur dit :

— Allez !

— Quelle sera la réponse ?