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SUR LA RÉVOLUTION[1]


« Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. » Les révolutionnaires disent que leur activité a pour but la destruction de cet état de choses tyrannique qui opprime et déprave les hommes. Mais, pour l’anéantir, il faut d’abord en avoir les moyens. Pour cela, il faut qu’il y ait au moins une chance de succès de cette destruction. Et il n’y a pas la moindre chance pareille. Les gouvernements, existant, depuis longtemps déjà, connaissent leurs ennemis et les dangers qui les menacent, et c’est pourquoi ils ont pris depuis longtemps et prennent toutes les mesures rendant impossible la destruction de cet état de choses par lequel ils se maintiennent. Et les motifs et les moyens qu’ont pour cela les gouvernements sont les plus forts qui puissent exister : l’instinct de conservation et l’armée disciplinée.

  1. Cet article sert de préface à une brochure de M. V. Tchertkov : La Révolution violente ou la libération chrétienne ?