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mais en pratique : c’est-à-dire que depuis longtemps déjà, je vis avec cette vérité. Après les doutes les plus terribles et le désespoir, que vous éprouvez, je vis dans cette vérité, tranquillement, joyeusement…

La vie c’est la délivrance de l’âme des conditions corporelles où elle s’est placée.

Dieu, c’est cet être spirituel qui vit par soi-même, par la volonté de qui notre âme est renfermée dans notre personne corporelle.

La délivrance de l’âme peut se faire de deux façons : par le suicide instantané ou graduel, c’est-à-dire par l’écart de l’accomplissement de la volonté de Dieu ou par l’accomplissement, dans la vie, de l’œuvre pour laquelle notre âme est enfermée, par Dieu, en notre corps.

La première délivrance n’est qu’imaginaire, parce que l’âme qui provient de Dieu et qui toute se trouve en son pouvoir ne peut cesser d’être ce qu’a voulu la volonté de Dieu, et elle aura beau résister, elle sera forcée d’accomplir ce que Dieu exige d’elle, seulement elle l’accomplira en résistant et souffrant. La deuxième délivrance est la vraie, elle consiste en l’accomplissement de plus en plus grand de la volonté de Dieu, dans le rapprochement de plus en plus grand vers lui, et l’union de plus en plus intime avec lui.

Et la délivrance de l’âme par la volonté de