Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sera-ce la vie ? Et supposez que tout le monde, tous les hommes marchent volens nolens sur la même voie où nous marchons. Mais si les hommes qui comprennent comme nous, qui se trouvent au même degré de compréhension, sont dispersés par toute la terre, nous avons cependant la joie de nous rencontrer avec eux, de savoir qui ils sont et de connaître leurs travaux. Ne vaut-il pas mieux qu’il en soit ainsi ? Or, c’est ce qui existe.


§


Les hommes qui ne sont pas arrivés à la perfection d’une nouvelle vie sont toujours uniquement occupés des préparatifs de la vie, mais la vie elle-même n’existe pas pour eux. Ils ne s’occupent que de manger, de dormir, de l’étude, du repos, de la continuation de l’espèce, de l’éducation. Une seule chose leur manque : la vie — le développement de la vie.

Oui, notre œuvre est une œuvre de bonne d’enfant : faire croître ce qui nous est confié — notre vie.

Et qu’on ne répète pas le lieu commun si coutumier, que développer sa propre vie, c’est de l’égoïsme.

Développer sa propre vie, c’est servir Dieu.

Aime ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton