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classe dominante se soutiennent réciproquement. De sorte que les adversaires de la tolérance religieuse ont tout à fait raison en affirmant le droit de violence et d’oppression, c’est-à-dire de ce qui soutient l’existence de l’Église. Et les partisans de la tolérance religieuse n’auraient raison que dans le cas où ils s’adresseraient non à l’Église, mais à l’État, en lui demandant ce qu’on appelle régulièrement La séparation de l’Église et de l’État, et qui n’est en réalité que la cessation du soutien exclusivement gouvernemental par la violence, soit direct ou indirect — par l’argent — d’une croyance quelconque.

Exiger de l’Église qu’elle renonce à la violence sous n’importe quelle forme, c’est la même chose qu’exiger de l’ennemi assiégé de tous côtés qu’il dépose les armes et se livre à ses adversaires.

Seul le christianisme vrai, indépendant, libre de toute institution civile, et qui par suite ne craint rien et personne, qui a pour but la connaissance de plus en plus parfaite de la vérité et sa réalisation de plus en plus complète dans la vie, seul ce christianisme peut être tolérant.

Koreïz. 10 janvier 1902.