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Les membres du Congrès n’étaient pas de l’avis de M. Stakhovitch : ils ne discutèrent pas sa proposition. Il y eut ensuite un échange animé d’opinions et de controverse sur cette question : l’Église chrétienne doit-elle être ou non tolérante ? Les uns, — la majorité des orthodoxes, prêtres et laïques — dans les journaux et revues, se montraient opposés à la tolérance religieuse et, pour telle ou telle raison, admettaient l’impossibilité de cesser les mesures d’oppression contre ceux qui se détachent de l’Église. Les autres — la minorité — se ralliaient à l’opinion de M. Stakhovitch, l’approuvaient et même établissaient la nécessité, pour l’Église, de reconnaître la liberté de conscience. Ceux qui n’étaient pas de l’avis de M. Stakhovitch disaient que l’Église, qui donne aux hommes le bien éternel, ne peut pas ne point user de tous les moyens qui dépendent d’elle pour sauver de la perte éternelle ses membres ignorants, et qu’un de ces moyens, c’est l’obstacle mis par le pouvoir à la désertion de la vraie Église et à l’abjuration de ses membres. Et le principal, ajoutaient-ils, c’est que l’Église, qui a reçu de Dieu le pouvoir de lier et de délier, sait toujours ce qu’elle fait quand elle emploie la violence contre ses ennemis.

Quant aux raisonnements des laïques sur la