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violence — grâce à la fausseté des moyens de réalisation de la doctrine qu’on propose — de nier ses vraies bases.

Et cette arme spirituelle est celle que les hommes connaissent depuis longtemps, qui toujours détruisit le pouvoir et donna à ceux qui en usaient la liberté complète qu’on ne peut ôter. Cette arme — et il n’y en a pas d’autre, — c’est la conception religieuse de la vie dans laquelle l’homme considère son existence terrestre comme une manifestation partielle de sa vie, liant celle-ci à la vie infinie, en même temps que, plaçant son bien suprême dans l’accomplissement des lois de cette vie infinie, il juge que la soumission à ces lois est plus obligatoire pour lui que l’obéissance à n’importe quelles lois humaines.

Il n’y a qu’une conception religieuse du monde, unissant tous les hommes dans la même conception de la vie, incompatible avec la soumission et la participation au pouvoir, qui puisse détruire ce dernier effectivement.

Et une pareille conception du monde peut seule donner aux hommes la possibilité, même sans participer au pouvoir, de trouver des formes raisonnables et équitables de la vie.

Et, chose étonnante, après avoir été amenés par la vie même à la conviction que le pouvoir existant est inébranlable et, en notre temps, ne