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48 CORRESPONDANCE INÉDITE Je n`ai pas très bien compris ce que vous voulez dire dans l’article que vous avez écrit; ce serait d`autant plus intéressant de l`en— tendre .de vous, mais quand nous verrons- nous? Notre affaire a nous, agriculteurs, est ac- tuellement semblable aux affaires d`un capita- liste possesseur d'actions qui ont perdu leur valeur et ne se cotent pas à la Bourse. L’afl'aire va très mal. Pour ma part j’ai résolu de ne pas lui donner trop d’attïenti0n et de travail, afin de ne pas être privé de ma tranquillité. Ces derniers temps je suis content de mes affaires, mais la marche générale des événe- ments, c’est—al—dire les malheurs du peuple qui s’annoncent, la famine, chaque jour me tour- mentent de plus en plus. C’est’si étrange et même bien et terrible a la fois : Sur notre table, _ sur la nappe éblouissante, des radis roses, du j beurre jaune, du bon pain blanc; dans le _jar— din, la verdure; les jeunes dames, en robes ' de mousseline, sont contentes de la chaleur et de l`ombre. Et la-bas, la famine, celfléau, pour- suit son ccuvre, couvre les champs de mau-