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tous deux tant de choses ! Je suis très heureux de votre vie agricole ; quand j’en entends parler ou que j’y pense, je me sens un peu fier d’y avoir contribué. Ce n’est pas à moi de parler et à vous d’écouter. L’ami, c’est bien, mais il mourra, il s’en ira quelque part, et on n’aura pas le temps de le suivre, tandis que la nature à laquelle on s’est uni par l’acte de vente ou qu’on possède par héritage, c’est encore mieux. Ma nature à moi est froide, rebutante, exigeante, encombrante, mais c’est un ami qu’on gardera jusqu’à la mort, et quand on mourra on y entrera. D’ailleurs, maintenant je me donne moins à cet ami, je suis entraîné par d’autres affaires. Dieu fasse que vous réussissiez et que les succès de Stépanovka[1] nous réjouissent. Que vous écrivez et écrirez encore, je n’en doute pas.

Je serre la main de Marie Petrovna et lui demande de ne pas m’oublier. Il faudra un malheur quelconque pour m’empêcher de venir chez vous cet été ; mais quand, je n’en sais rien.




  1. Domaine de Fet.