Page:Tolstoï - Contes et fables, 1888.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.

roubles, et je te donnerai le premier moulin que je construirai.

Le barine demanda au moujik s’il savait lire ; le moujik répondit négativement.

Alors le barine lui dit :

— Voilà, si tu savais lire, je te donnerais un livre qui traite de la mécanique, et tu verrais qu’on ne peut construire un pareil moulin ; que beaucoup sont devenus fous en recherchant ce moulin qui marche seul.

Le moujik n’ajouta pas foi aux paroles du barine, et lui répondit :

— On écrit bien des mauvaises choses dans vos livres ; je connais un mécanicien qui a construit un moulin pour un marchand, mais il l’a manqué ; eh bien, moi, quoique je ne sois qu’un ignorant, d’un simple coup d’œil j’ai reconnu le défaut, je l’ai arrangé, et il a marché.