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Sans doute il doit exister des livres et beaucoup de romans, d’histoires où l’on décrit comment l’homme vit pour ses passions, souffre, fait souffrir, court des dangers, connaît le besoin, ruse, lutte, parvient à sortir de la misère, finit par se réunir à l’objet de son amour et devient riche, puissant, heureux.

De tels livres, quand bien même ils ne renfermeraient rien qui ne se fût réellement passé, — ce qui n’aurait rien d’invraisemblable, — seraient cependant mensongers et faux, car l’homme qui vit pour lui, pour ses passions, possédât-il la plus belle femme du monde, fût-il aussi riche, aussi puissant qu’on puisse l’être, ne peut pas se dire heureux.

D’autre part, il peut exister une légende où l’on raconte que le Christ et les apôtres parcourant le monde entrèrent un