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ne manquait jamais de s’arrêter devant les magasins. Il contemplait les bonnets, choisissait le meilleur, en discutait le prix, et laissait croire au marchand qu’il viendrait en faire l’emplette aussitôt qu’il aurait réuni la somme nécessaire.

En attendant, il portait de vieux habits.

Bien que Timopheïtch fût habitué à son genre de vie, de temps à autre il enviait ceux qui vivaient mieux que lui.

« Voilà ! pensait-il, pourquoi Dieu a-t-il donné de la fortune à tel ou tel, et rien à moi ? Quel triste sort est le mien ! »

Et il commençait à se plaindre plus amèrement de sa pauvreté, et priait Dieu de lui accorder la fortune.

— C’est alors que je vivrais bien, se disait-il, je n’oublierais pas les pauvres gens ; enfin, je saurais m’y prendre pour vivre comme il faut !