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Comment donc une pareille société d’hommes, dont les armes sont la grâce divine et le sermon, peut-elle désirer et commettre en réalité les violences envers les hommes qui n’acceptent pas sa croyance ?

Conseiller à l’Église de ne pas persécuter les hommes qui se détachent d’elle ou qui convertissent ses membres, c’est la même chose que conseiller à l’Académie des savants de ne pas opprimer, accabler de supplices, livrer à la déportation, etc., les hommes qui ne partagent pas ses opinions. L’Académie des savants ne peut désirer cela, et même le voulût-elle, ces actes lui seraient impossibles, car elle n’a pas pour les accomplir les armes nécessaires. Il en est de même de l’Église.

L’Église chrétienne, par sa définition même, ne peut vouloir employer la violence contre ceux qui sont en désaccord avec elle, et si même elle le voulait, elle ne pourrait le faire, faute d’armes pour cela.

Que signifient donc ces oppressions, commises par l’Église chrétienne depuis Constantin, qui continuent de nos jours et que les partisans de la tolérance religieuse conseillent à l’Église de cesser ?


III


M. Stakhovitch, en citant dans son discours les paroles bonnes et claires de Fr. Guizot sur la nécessité de la liberté de conscience pour la religion chrétienne, rapporte ensuite les paroles mauvaises et embrouillées d’Aksakov, qui remplace la con-