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Parmi les chrétiens laïques, il est parfaitement admis qu’un homme puisse posséder des vertus supérieures sans avoir commencé par acquérir celles qui, normalement, auraient dû l’y conduire ; certains vont même plus loin et prétendent que l’existence de vices parfaitement déterminés chez un individu, ne l’empêche en aucune façon de posséder parallèlement de très hautes vertus. Il en est résulté qu’aujourd’hui, chez les laïques, la notion de la vie morale est, sinon perdue, tout au moins fort embrouillée.



Cela est arrivé, à mon avis, de la façon suivante :

Le christianisme, en remplaçant le paganisme, a posé en principe une morale plus exigeante ; mais cette morale, comme celle du paganisme, ne pouvait être atteinte qu’après avoir suivi tous les degrés de l’échelle des vertus.

D’après Platon, l’abstinence était la première qualité qu’il importait d’acquérir ;