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divine, ayant pour but de répandre parmi les hommes la vraie religion pour leur salut dans ce monde et dans l’autre.

Comment une pareille communauté, dont les armes sont la grâce et la prédication, peut-elle souhaiter commettre (et elle commet en réalité) des violences à l’égard de ceux qui lui sont rebelles ?

Conseiller à l’Église de ne pas persécuter ses membres dissidents ou ceux qui encouragent l’hérésie, c’est comme si on engageait les académies scientifiques de ne pas persécuter, de ne pas punir ceux qui ne partagent pas leurs vues. Les académies ne peuvent le désirer ; mais, le voulussent-elles, les moyens de persécution leur feraient défaut.

L’Église se trouve, en somme, dans le même cas. D’après sa propre définition, il lui est impossible de recourir à la contrainte, car, le voulût-elle, elle n’a pas à sa disposition les armes nécessaires.

D’où proviennent donc les persécutions exercées par l’Église depuis Constantin, qui continuent de nos jours et auxquelles les