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mort de son enfant. Tel est le bonheur que donne la foi !

— « Oh oui ! certainement… murmura Stépane Arcadiévitch, heureux de pouvoir se taire pendant la lecture, et de ne pas risquer ainsi de compromettre ses affaires.

« Je ferai mieux de ne rien demander aujourd’hui », pensa-t-il.

« Cela vous ennuiera, dit la comtesse à Landau, car vous ne savez pas l’anglais.

« Oh ! je comprendrai, » répondit celui-ci avec un sourire.

Alexis Alexandrovitch et la comtesse se regardèrent et la lecture commença.


CHAPITRE XXII


Stépane Arcadiévitch était fort perplexe ; après la monotonie de la vie moscovite, celle de Pétersbourg offrait des contrastes si vifs qu’il en était troublé ; il aimait la variété, mais l’eût préférée plus conforme à ses habitudes, et se sentait égaré dans cette sphère absolument étrangère ; tout en écoutant la lecture et en voyant les yeux de Landau fixés sur lui, il éprouva une certaine lourdeur de tête. Les pensées les plus diverses se pressaient dans son cerveau sous le regard du Français, qui lui semblait à la fois naïf et rusé. « Mary Sanine est heureuse d’avoir perdu son fils… Ah ! si je pouvais fumer !… Pour être sauvé il suffit de croire… Les