Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/458

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pas dans ce sens.

— Alexis Alexandrovitch, je ne te reconnais plus ! dit Oblonsky après un moment de silence. Est-ce toi qui disais autrefois : « Après le manteau il faut encore donner la robe », et maintenant…

— Je vous serais obligé de couper court à cet entretien, dit Karénine se levant tout à coup, tremblant de tous ses membres.

— Pardonne-moi de t’affliger, répondit Oblonsky confus, et lui tendant la main ; mais il fallait bien remplir la mission dont j’étais chargé. »

Karénine mit sa main dans celle de Stépane Arcadiévitch et dit après avoir réfléchi un instant :

« Vous aurez ma réponse définitive après-demain ; il faut que je cherche ma voie. »


CHAPITRE XIX


Stépane Arcadiévitch allait sortir, lorsque le valet de chambre annonça :

« Serge Alexeivitch.

— Qui est-ce ? demanda Oblonsky ; mais c’est Serge, fit-il se ravisant, et moi qui croyais qu’il s’agissait de quelque directeur du département. Anna m’a prié de le voir, » pensa-t-il.

Et il se souvint de l’air craintif et triste dont Anna lui avait dit : « Tu le verras, et tu pourras savoir ce qu’il fait, où il est, qui prend soin de lui. Et Silva, si c’était possible, avec le divorce… ! » Il avait compris l’ardent désir d’obtenir la garde de l’en-