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partie de la nuit sans dormir, poursuivi par les réflexions du vieillard. Des idées nouvelles, des projets de réforme germaient dans sa tête ; il résolut de partir dès le lendemain, pressé de mettre ses nouveaux plans à exécution. D’ailleurs, le souvenir de la belle-sœur et de sa robe ouverte le troublait : il valait mieux partir sans retard, s’arranger avec les paysans avant les semailles d’automne, et réformer son système d’administration en le basant sur une association entre maître et ouvriers.


XXIX


Le nouveau plan de Levine offrait des difficultés qu’il ne se dissimulait pas ; mais il persévéra, tout en reconnaissant que les résultats obtenus n’étaient pas proportionnés à ses peines. Un des principaux obstacles auxquels il se heurta fut l’impossibilité d’arrêter en pleine marche une exploitation tout organisée ; il reconnut la nécessité de faire ses réformes peu à peu.

En rentrant chez lui le soir, Levine fit venir son intendant, et lui exposa ses nouveaux projets. Celui-ci accueillit avec une satisfaction non dissimulée toutes les parties de ce plan qui prouvaient que ce qu’on avait fait jusque-là était absurde et improductif. L’intendant assura l’avoir souvent répété sans être écouté ; mais lorsque Levine en vint à une proposition d’association avec les paysans, il prit un