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arrangé, mais désormais c’est impossible,… impossible ! »

Dolly lui écrivit un jour pour lui demander une selle de dame pour Kitty, l’invitant à l’apporter lui-même. Ce fut le coup de grâce ; comment une femme de sentiments délicats pouvait-elle ainsi abaisser sa sœur ?

Il déchira successivement dix réponses.

Il ne pouvait venir et ne pouvait pas davantage se retrancher derrière des empêchements invraisemblables, ou, qui pis est, prétexter un départ. Il envoya donc la selle sans un mot de réponse, et le lendemain, sentant qu’il avait commis une grossièreté, il partit pour faire une visite lointaine, laissant son intendant chargé des affaires qui lui étaient devenues si pesantes. Swiagesky, un de ses amis, lui avait récemment rappelé sa promesse de venir chasser la bécasse ; jusqu’ici, au milieu des occupations qui le retenaient, cette chasse, qui le tentait beaucoup, n’avait pu lui faire entreprendre ce petit voyage. Maintenant il fut content de s’éloigner de la maison, du voisinage des Cherbatzky, et d’aller chasser, remède auquel il avait recours dans ses jours de tristesse.


XXV


Il n’y avait dans le district de Sourof ni chemins de fer ni routes postales, et Levine partit en tarantass avec ses chevaux. À mi-chemin, il fit halte