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éprouvé quelque chose d’analogue. Tout cela est si peu important !

— Qu’y a-t-il donc d’important ? demanda Kitty, la regardant avec une curiosité étonnée.

— Bien des choses, répondit Varinka en souriant.

— Mais encore ?

— Il y a beaucoup de choses plus importantes, répondit Varinka, ne sachant trop que dire ; en ce moment, la princesse cria par la fenêtre :

— Kitty, il fait frais : mets un châle, ou rentre.

— Il est temps de partir, dit Varinka en se levant. Je dois entrer chez Mlle Berthe, elle m’en a priée. »

Kitty la tenait par la main et l’interrogeait du regard avec une curiosité passionnée, presque suppliante.

« Quoi ? qu’est-ce qui est plus important ? Qu’est-ce qui donne le calme ? Vous le savez, dites-le moi ! »

Mais Varinka ne comprenait même pas ce que demandaient les regards de Kitty ; elle se rappelait seulement qu’il fallait encore entrer chez Mlle Berthe, et se trouver à la maison pour le thé de maman, à minuit.

Elle rentra dans la chambre, rassembla sa musique, et ayant pris congé de chacun, voulut partir.

« Permettez, je vous reconduirai, dit le colonel.

— Certainement, comment rentrer seule la nuit ? dit la princesse ; je vous donnerai au moins la femme de chambre. »