Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/385

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Je ne me rappelle pas : il me semble que je n’ai rien fait, dit-elle.

— Si fait, vous avez sauvé ce Levine d’une affaire désagréable.

— Ah oui ! sa compagne m’a appelée et j’ai cherché à le calmer : il est très malade et très mécontent de son médecin. J’ai l’habitude de soigner ce genre de malades.

— Je sais que vous habitez Menton, avec votre tante, il me semble, Mme Stahl. J’ai connu sa belle-sœur.

— Mme Stahl n’est pas ma tante, je l’appelle maman, mais je ne lui suis pas apparentée ; j’ai été élevée par elle », répondit Varinka en rougissant encore.

Tout cela fut dit très simplement, et l’expression de ce charmant visage était si ouverte et si sincère que la princesse comprit pourquoi Varinka plaisait si fort à Kitty.

« Et que va faire ce Levine ? demanda-t-elle.

— Il part », répondit Varinka.

Kitty, revenant de la source, aperçut en ce moment sa mère causant avec son amie ; elle rayonna de joie.

« Eh bien, Kitty, ton ardent désir de connaître Mlle…

— Varinka, dit la jeune fille : c’est ainsi qu’on m’appelle. »

Kitty rougit de plaisir et serra longtemps en silence la main de sa nouvelle amie, qui la lui abandonna sans répondre à cette pression. En revanche