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se nommaient Nicolas Levine et Marie Nicolaevna ; elle mit fin au roman de sa fille en lui expliquant que ce Levine était un fort vilain homme.

Le fait qu’il fût le frère de Constantin Levine, plus que les paroles de sa mère, rendit ce couple particulièrement désagréable à Kitty. Cet homme aux mouvements de tête bizarres lui devint odieux, et elle croyait lire dans ses grands yeux, qui la suivaient avec obstination, des sentiments ironiques et malveillants.

Elle évitait autant que possible de le rencontrer.


CHAPITRE XXXI


La journée étant pluvieuse, Kitty et sa mère se promenaient sous la galerie, accompagnées du colonel, jouant à l’élégant dans son petit veston européen, acheté tout fait à Francfort.

Ils marchaient d’un côté de la galerie, cherchant à éviter Nicolas Levine, qui marchait de l’autre. Varinka, en robe foncée, coiffée d’un chapeau noir à bords rabattus, promenait une vieille Française aveugle ; chaque fois que Kitty et elle se rencontraient, elles échangeaient un regard amical.

« Maman, puis-je lui parler ? demanda Kitty en voyant son inconnue approcher de la source, et trouvant l’occasion favorable pour l’aborder.

— Si tu as si grande envie de la connaître, laisse-moi prendre des informations ; mais que trouves-tu