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ajouta-t-il en apercevant par la fenêtre une calèche à l’anglaise qui approchait du perron ; quelle élégance ! c’est charmant ! Allons, partons aussi. »

La princesse ne quitta pas sa calèche ; son valet de pied en guêtres, livrée, et chapeau à l’anglaise, sauta du siège devant la maison.

« Je m’en vais, adieu ! dit Anna en embrassant son fils et en tendant la main à son mari. Tu es très aimable d’être venu. »

Alexis Alexandrovitch lui baisa la main.

« Au revoir, tu reviendras prendre le thé ; c’est parfait ! » dit-elle en s’éloignant d’un air rayonnant et joyeux. Mais à peine fut-elle à l’abri des regards, qu’elle tressaillit avec répugnance en sentant sur sa main la trace de ce baiser.


CHAPITRE XXVIII


Quand Alexis Alexandrovitch parut aux courses, Anna était déjà placée à côté de Betsy dans le pavillon principal, où la haute société se trouvait réunie ; elle aperçut son mari de loin, et le suivit involontairement des yeux dans la foule. Elle le vit s’avancer vers le pavillon, répondant avec une bienveillance un peu hautaine aux saluts qui cherchaient à attirer son attention, échangeant des politesses distraites avec ses égaux, et recherchant les regards des puissants de la terre, auxquels il répondait en ôtant son grand chapeau rond, qui serrait le bout