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cavalier et tirait tantôt à droite, tantôt à gauche ; Wronsky la rassurait inutilement de la voix et du geste.

On approchait de la rivière, du côté où se trouvait le point de départ ; Wronsky, précédé des uns, suivi des autres, entendit derrière lui, sur la boue du chemin, le galop d’un cheval. C’était Gladiator monté par Mahotine ; celui-ci sourit en passant, montrant ses longues dents. Wronsky ne répondit que par un regard irrité. Il n’aimait pas Mahotine, et cette façon de galoper près de lui et d’échauffer son cheval lui déplut ; il sentait d’ailleurs en lui son plus rude adversaire.

Frou-frou partit au galop du pied gauche, fit deux bonds, et, fâchée de se sentir retenue par le bridon, changea d’allure et prit un trot qui secoua fortement son cavalier. — Cord, mécontent, courait presque aussi vite qu’elle à côté de Wronsky.


CHAPITRE XXV


Le champ de courses, une ellipse de quatre verstes, s’étendait devant le pavillon principal et offrait neuf obstacles : la rivière, — une grande barrière haute de deux archines, en face du pavillon, — un fossé à sec, — un autre rempli d’eau, — une côte rapide, — une banquette irlandaise (obstacle le plus difficile), c’est-à-dire un remblai couvert de fascines, derrière lequel un second fossé invisible obligeait le