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d’une vache ordinaire, et la fille de Pava, âgée de trois mois, était de la grandeur des génisses d’un an. Levine les admira et donna l’ordre de sortir leurs auges et de leur apporter leur pitance de foin dehors, derrière les palissades portatives qui leur servaient d’enclos.

Mais il se trouva que ces palissades, faites en automne, étaient en mauvais état, parce qu’on n’en avait pas eu besoin. Il fit chercher le charpentier, qui devait être occupé à réparer la machine à battre ; on ne le trouva pas là ; il raccommodait les herses, qui auraient dû être réparées pendant le carême. Levine fut contrarié. Toujours cette éternelle nonchalance, contre laquelle depuis si longtemps il luttait en vain ! Les palissades, ainsi qu’il l’apprit, n’ayant pas servi pendant l’hiver, avaient été transportées dans l’écurie des ouvriers, où, étant de construction légère, elles avaient été brisées.

Quant aux herses et aux instruments aratoires, qui auraient dû être réparés et mis en état durant les mois d’hiver, ce qui avait fait louer trois charpentiers, rien n’avait été fait ; on réparait les herses au moment même où on allait en avoir besoin. Levine fit chercher l’intendant, puis, impatienté, alla le chercher lui-même. L’intendant, rayonnant comme l’univers entier ce jour-là, vint à l’appel du maître, vêtu d’une petite touloupe garnie de mouton frisé, cassant une paille dans ses doigts.

« Pourquoi le charpentier n’est-il pas à la machine ?