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vient. Tu vois ses méfaits et tu ne vois pas les tiens. S’il n’y avait que lui de méchant, et que tu fusses bon, il n’y aurait pas de mal. Qui donc lui a arraché la barbe ? La meule, qui donc l’a emportée ? Qui donc l’a traîné de tribunal en tribunal ? Tu le charges de tout, sans vivre toi-même mieux que lui, et voilà d’où vient le mal. Ce n’est pas ainsi, mon fils, que j’ai vécu, ce n’est pas cela que je vous ai appris. Vivions-nous ainsi, nous autres, son père et moi ? Comment vivions-nous ? En bons voisins… Il n’avait plus de farine ? La baba venait : « Oncle Frol, il me faut de la farine. — Va, ma fille, sous le hangar, prendre ce dont tu as besoin. » Il n’avait personne à qui confier ses chevaux ? « Va, Ivan, charge-toi de ses chevaux ! » Si je manquais de quelque chose, j’allais chez lui. « Oncle Gordey, il me faut ceci ou cela. — Prends ! oncle Frol. » C’était ainsi que nous en usions entre nous ; et nous nous