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d’elle, mais elle s’assit, l’air embarrassé, et lui demanda des nouvelles de sa santé plutôt pour dire quelque chose, ce dont il se rendait parfaitement compte, que pour apprendre du nouveau. Que pouvait-il lui apprendre ? Elle dit ce qu’il convenait, c’est-à-dire, que pour rien au monde elle ne serait allée au théâtre ce soir si elle n’avait pas eu déjà la loge et si elle pouvait laisser sortir seuls sa fille Lise et son fiancé Petristchev. Elle aurait préféré, disait-elle, lui tenir compagnie, et elle le supplia de suivre au moins en son absence, les prescriptions du docteur.

— À propos, Fedor Petrovitch (le fiancé) voudrait te voir, et Lise aussi.

— Qu’ils viennent !

Sa fille entra, habillée pour la soirée, montrant ses épaules décolletées, son jeune corps à demi nu, tandis que son corps à lui le faisait tant souffrir. Grande, bien portante, visiblement amoureuse, elle semblait s’irriter contre la maladie, les souffrances et la mort qui mettaient un obstacle à son bonheur.

Petristchev entra aussi. Il était en habit, coiffé à la Capoul ; son long cou veineux était serré dans un col d’une blancheur éblouissante, il avait un large plastron blanc ; un pantalon noir collant qui moulait ses fortes cuisses, une seule main gantée de blanc et un claque. Derrière eux se glissa tout doucement le petit collégien, en uniforme tout