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contact, la haine qu’il ressent pour elle atteint au paroxysme.

L’attitude de Prascovie Fédorovna à l’égard de son mari et de sa maladie n’avait pas changé. De même que le médecin avait adopté vis-à-vis de ses malades une manière d’être qu’il ne pouvait plus modifier, de même elle s’était imposé une attitude : quoi qu’il fît, il avait tort, et elle le lui reprochait amicalement. Et cette attitude, Prascovie Fédorovna ne pouvait plus s’en dégager : « Que voulez-vous, il n’écoute personne ; il ne prend pas ses médicaments avec exactitude. Surtout il affectionne une posture qui doit lui faire du mal, il tient ses pieds en l’air. »

Et elle raconta qu’il obligeait Guérassim à lui maintenir les jambes levées.

Le docteur eut un sourire de bienveillant mépris : « Que voulez-vous faire, semble-t-il dire, les malades ont toujours des idées si bizarres ; mais il faut leur passer cela. »

L’examen terminé, le médecin regarda sa montre. Aussitôt Prascovie Fédorovna déclara à Ivan Ilitch qu’elle allait aujourd’hui même, qu’il le voulût ou non, envoyer chercher une célébrité médicale pour une consultation avec Mikhaïl Danilovitch (c’était le médecin de la maison).

— Ne t’y oppose pas, je t’en prie… C’est pour moi, ajouta-t-elle ironiquement, lui donnant à entendre qu’elle n’agissait, au contraire, que pour