Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/406

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours imparfait, ne voyant pas derrière lui le chemin qu’il a parcouru, tandis qu’il voit toujours devant lui celui qui lui reste à parcourir.

En cela consiste la différence entre la doctrine du Christ et toutes les autres doctrines religieuses. La différence réside non dans les préceptes, mais dans les moyens de direction des hommes.

Christ ne donnait aucune définition de la vie, il n’institua jamais rien, pas même le mariage ; mais les hommes qui ne comprennent pas les particularités de la doctrine du Christ, qui sont habitués aux doctrines extérieures et désirent se sentir parfaits comme le Pharisien, contrairement à tout l’esprit de la doctrine du Christ ont fait de sa lettre la doctrine extérieure des règles, qui s’appelle la doctrine ecclésiastique chrétienne, et ils ont substitué cette doctrine à celle du Christ, celle de l’idéal.

Dans toutes les manifestations de la vie, les doctrines ecclésiastiques qui s’intitulent chrétiennes, au lieu de l’idéal de la doctrine du Christ ont placé les définitions extérieures et les règles contraires à l’esprit de cette doctrine. C’est ainsi à l’égard du pouvoir, des tribunaux, de l’armée, de l’église, du culte, et aussi du mariage, bien que le Christ, non seulement n’ait jamais institué le mariage, mais, s’il faut tenir compte des définitions, l’ait nié plutôt : « Quitte ta femme et suis-moi ». Les doctrines ecclésiastiques qui s’appellent chré-