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quoi il est mort, où il est parti, elle glousse un moment puis continue à vivre comme auparavant. Mais pour nos malheureuses femmes ce n’est pas la même chose. Sans parler des maladies, elles ont entendu de tous côtés et lu des recettes infiniment variées et constamment modifiées sur la façon de soigner, d’élever les enfants. Il faut les nourrir avec ceci ; non, pas avec ceci avec cela. Il faut les vêtir, les baigner, les faire dormir, les promener ; pour cela nous apprenons, ou plutôt elles apprennent chaque semaine de nouvelles méthodes. C’est à croire qu’on a commencé hier seulement à faire des enfants. Et si l’on n’a pas donné à manger ceci, si on n’a pas baigné à un certain moment, alors c’est nous qui sommes coupables. Nous n’avons pas fait ce qu’il fallait faire.

Voilà quand l’enfant est bien portant. C’est déjà une souffrance. Mais si l’enfant tombe malade, alors c’est fini. C’est un enfer. On suppose qu’on peut guérir la maladie et qu’il existe une science pareille et des gens — les médecins, — capables de le faire. Encore parmi ceux-ci pas tous, mais les meilleurs. Voilà donc l’enfant malade ; il faut le trouver ce meilleur, celui qui guérit, et alors l’enfant sera sauvé. Si l’on ne trouve pas ce medecin, ou si l’on ne vit pas dans la grande ville où il habite, alors l’enfant est perdu. Et ce n’est pas une croyance particulière à une femme, c’est celle de toutes les femmes de sa classe. De