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vaillent à des ornements inutiles, équipages, meubles, hochets pour les femmes. Des millions d’hommes, des générations d’esclaves s’usent à ce travail de forcats dans les fabriques, uniquement pour les caprices des femmes. Les femmes, telles des reines, gardent comme prisonniers de guerre, dans les travaux forcés, les neuf dixièmes du genre humain. Et tout cela parce qu’on les a humiliées en les privant de droits égaux à ceux de l’homme. Elles se vengent sur notre volupté ; elles nous attrapent dans leurs filets. Oui, tout est là.

Les femmes se sont façonnées de telles armes pour agir sur les sens, qu’un homme ne peut rester calme en leur présence. Aussitôt qu’un homme approche une femme, il tombe sous l’influence de cet opium et perd la tête. Depuis longtemps déjà je me sentais mal à l’aise quand je voyais une femme trop bien parée, en robe de bal, mais à présent, cela me terrifie, tout simplement, car j’y vois un péril pour les hommes, quelque chose de contraire aux lois et j’ai envie d’appeler un sergent de ville, d’appeler un secours quelconque, de demander qu’on enlève cet objet dangereux.

— Oui, riez ! me cria-t-il. Mais ce n’est pas du tout une plaisanterie. Je suis sûr que le temps viendra, et il n’est peut-être pas si loin, où les hommes comprendront cela et seront étonnés qu’il ait pu exister une société où étaient permises des