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femmes disent de même : « Vous voulez que nous ne soyons que des objets de sensualité ? bon, comme objets de sensualité, nous vous courberons sous le joug ». Ce n’est pas dans la privation du droit de vote ou du droit de magistrature que réside l’infériorité de la femme, mais dans ses relations sexuelles, elle n’est pas l’égale de l’homme. Elle n’a pas le droit d’user de l’homme et de s’abstenir de le choisir au lieu d’être choisie. Vous dites que ce serait abominable. Bon ! Mais alors que l’homme n’ait pas non plus ces droits, puisque maintenant la femme en est privée. Mais voilà, à défaut de droits elle agit sur la sensualité de l’homme, par quoi elle le domine, de sorte qu’en réalité c’est la femme qui choisit, tandis que l’homme n’a que l’apparence du choix. Dès que la femme est en possession de ses moyens, elle en abuse et acquiert un pouvoir terrible sur les hommes.

— Mais où voyez-vous ce pouvoir exceptionnel ? demandai-je.

— Où ? Mais partout, dans tout. Allez voir les magasins dans une grande ville. Il y a là des millions ; il est impossible d’évaluer l’énorme quantité de travail qui s’y dépense. Or, dans les neuf dixièmes de ces magasins y a-t-il quoi que ce soit pour l’usage des hommes ? Tout le luxe de la vie est demandé et soutenu par la femme.

Comptez toutes les fabriques. La plupart tra-