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rétabli, j’entendis de nouveau la voix de l’avocat : la conversation passait évidemment d’un cas particulier à des considérations générales.

L’avocat racontait que la question du divorce occupait maintenant l’opinion publique en Europe et que chez nous, les cas de divorces devenaient de plus en plus fréquents. Ayant remarqué qu’on n’entendait que lui, l’avocat interrompit son discours et s’adressa au vieillard :

— Dans l’ancien temps cela n’existait pas, n’est-ce pas ? dit-il en souriant agréablement.

Le vieillard voulut répondre, mais, juste à ce moment, le train s’ébranla ; il ôta sa casquette et se signa en marmonnant une prière. L’avocat détourna les yeux, attendant poliment. Quand le vieillard eut fini, il renfonça profondément sa coiffure, s’installa bien confortablement et dit :

— Si, monsieur, cela arrivait aussi, autrefois, mais rarement. Par le temps qui court, il est naturel que cela arrive plus souvent. On est devenu trop savant.

Le train, augmentant de vitesse, faisait un tel bruit de ferrailles qu’il m’était difficile d’entendre, mais comme cela m’intéressait je me rapprochai. Mon voisin, le monsieur nerveux aux yeux brillants, lui aussi paraissait intéressé. Sans changer de place, il prêtait l’oreille.

— Que reprochez-vous à l’instruction ? demanda la dame avec un sourire imperceptible. Vaudrait-il