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Nous ne pouvons pas vivre contrairement à notre conscience et à notre raison. C’est de cette hostilité provoquée par notre religion, que notre maître a dit : Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix, j’apporte la guerre. Christ a éprouvé par lui-même cette hostilité, et il nous en a prévenus plusieurs fois, nous ses disciples : Le monde, disait-il, me hait parce que ses actes sont méchants. Si vous étiez de ce monde, le monde vous aimerait. Mais puisque vous n’êtes pas de ce monde, que je vous en ai débarrassé, le monde vous hait. Le temps viendra où celui qui vous tuera pensera qu’il est par cela même le serviteur de Dieu. Mais, de même que Christ, nous ne craignons pas ceux qui tuent le corps et c’est pourquoi, ne peuvent faire rien de plus. Le jugement sur eux consiste en cela : que la lumière est venue dans le monde, mais les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs actes étaient mauvais.

Il n’y a pas à s’inquiéter de cela parce que la vérité vaincra. Les brebis écoutent la voix du pasteur et le suivent, parce qu’ils connaissent sa voix. Le troupeau du Christ ne périt point ; il grandit en attirant à lui de nouvelles brebis de tous les pays du monde. Car l’esprit souffle où il veut, et tu entends sa voix bien que tu ne voies pas d’où il vient et où il va.

— Oui, l’interrompit Jules, mais y en a-t-il beaucoup de sincères parmi vous ? On vous accuse