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ment. Vous le placez dans les richesses, les honneurs, nous autres, notre foi nous dit que le bonheur ne se trouve pas dans la violence mais dans la soumission, non dans les richesses, mais dans leur renoncement. De même que les plantes s’élèvent toujours vers la lumière, de même nous ne pouvons ne pas aspirer à aller là où nous voyons notre bouheur ! Nous ne faisons pas tout ce que nous voudrions pour atteindre le bonheur, c’est vrai, mais il n’en saurait être autrement.

Tu fais ton possible pour obtenir la plus jolie femme, la plus grande fortune, mais y parviens-tu ? Si un tireur ne touche pas la cible, cessera-t-il de la viser parce qu’il l’aura manquée plusieurs fois de suite ? La même chose avec nous. Notre bonheur, suivant l’enseignement du Christ, repose dans l’amour. Nous tous cherchons le bonheur, mais chacun l’atteint imparfaitement et à sa manière.

— Oui, mais pourquoi vous refusez-vous à écouter la voix de la sagesse humaine, pourquoi vous en détournez-vous pour écouter seulement celle de votre Maître crucifié ? Votre esclavage, votre soumission absolue, voila ce qui me repousse.

— De nouveau tu te trompes, comme tous ceux qui s’imaginent que nous observons notre doctrine uniquement parce que l’homme en qui nous avons confiance nous a ordonné de le faire. Au contraire, ceux qui cherchent de toute leur âme à