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travail, nous les leur abandonnerions de suite. S’ils l’exigeaient, nous travaillerions pour eux et même avec joie, de sorte que, non seulement les barbares n’auraient aucune raison pour nous tuer, mais l’acte serait contraire à ce qu’ils appellent leur intérêt. Ils arriveraient bientôt à comprendre, à nous aimer même, et nous aurions moins à souffrir d’eux que nous ne souffrons de la part des peuples civilisés parmi lesquels nous vivons et qui nous persécutent. Tes accusations contre nous, c’est que nous n’atteignons pas tout à fait notre but, que nous ne reconnaissons pas la violence ni la propriété, en même temps que nous en jouissons. Si nous sommes des trompeurs, ce n’est pas la peine de perdre son temps à parler de nous, nous ne méritons ni colère ni injures, mais seulement le mépris. Et ce mépris nous l’acceptons volontiers, car c’est une de nos règles de ne jamais nier notre infériorité. Mais si nous essayons sincèrement d’atteindre le but que nous proposons à nos efforts, alors tes accusations deviennent injustes. Si nous essayons, comme nous le faisons, mes frères et moi, de vivre selon la loi de notre maître, il ne saurait être question pour nous de rechercher les avantages matériels, les richesses, les honneurs, que nous ne reconnaissons pas, mais quelque chose de bien différent. Nous cherchons comme vous le bonheur, et la seule différence entre nous c’est que nous le comprenons autre-