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Jules était frappé de ce que disait l’étranger et surtout de ses dernières paroles. Non seulement sa résolution d’aller chez les chrétiens en fut ébranlée, mais encore il lui paraissait incroyable que ses malheurs eussent pu le pousser jusqu’à commettre une aussi grande folie. Toutefois il y avait une question encore à résoudre : que devait-il faire pour échapper à la situation embarrassée dans laquelle il se trouvait ? Après avoir raconté à l’étranger quelle était sa situation, il lui demanda son avis.

— J’allais justement aborder ce sujet, répondit-il. Que dois-tu faire ? Ta voie, autant du moins que la sagesse humaine peut me l’indiquer, me paraît parfaitement claire. Tes peines proviennent des passions propres aux hommes. La passion t’a entraîné si loin que tu as souffert. Telles sont ordinairement les leçons de la vie. Apprends et fais ton profit. Tu as déja assez vécu pour savoir qu’il est des choses douces et des choses amères et tu ne veux plus retomber dans les mêmes erreurs. Profite de ton expérience. Ce qui te tourmente le plus c’est ton inimitié envers ton père. Cela vient de ta propre attitude. Change d’attitude et cette haine disparaîtra ou du moins ne se manifestera pas d’une façon pénible. Tous tes malheurs proviennent de ce que tu n’as pas su t’arrêter à temps. Tu t’es adonné à tous les plaisirs de la jeunesse, ce qui est tout naturel et, partant, bien. Cela était