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après boire, Jules tua un homme. Le préfet de la ville, informé de l’événement, voulut incarcérer Jules ; mais son père obtint grâce pour lui.

À ce moment Jules eut encore besoin d’argent. Il emprunta à un ami, lui promettant de le rembourser. En outre, sa maîtresse lui demanda en cadeau un collier de perles. Il savait qu’elle le quitterait, s’il ne le lui donnait pas, pour accepter les propositions d’un de ses rivaux très riche. Cette fois Jules alla trouver sa mère et lui dit que si elle ne pouvait lui procurer la somme dont il avait besoin, il se tuerait.

Ce n’est pas lui-même, mais son père qu’il rendait responsable de sa situation. Il disait : « Mon père m’a élevé dans le luxe et maintenant il me marchande l’argent nécessaire. Si au début il m’avait donné sans reproches ce que j’ai obtenu plus tard, j’aurais arrangé ma vie et n’aurais plus besoin de rien. Mais, comme il ne me donnait jamais assez, j’ai dû m’adresser aux usuriers qui m’ont dépouillé. Je ne possède plus rien pour mener la vie de jeune homme riche qui doit être la mienne, et je suis humilié devant mes camarades, mais mon père ne veut rien entendre. Il oublie qu’il a été jeune aussi. C’est lui qui est coupable si j’en suis arrivé là ; et si je ne puis obtenir la somme qui m’est nécessaire, je me tuerai ! »

Sa mère, qui l’avait gâté, alla aussitôt trouver son mari. Le père envoya chercher le fils et les