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dissimulait et la vie et la mort. Cette conviction ne fit qu’augmenter, décupler ses souffrances physiques. Il se mit à gémir, à s’agiter, à arracher ses vêtements qui l’étouffaient. Voila donc pourquoi il les haïssait tous.

On lui administra une forte dose d’opium. Il se calma. Mais à l’heure du dîner, les douleurs recommencèrent. Il ne permettait à personne de s’approcher de lui, et se démenait furieusement.

Cependant sa femme s’approcha et lui dit :

— Jean, mon ami, fais cela pour moi (pour moi).

Cela ne peut te faire de mal, et cela soulage souvent. C’est peu de chose… les personnes bien portantes le font aussi.

Il ouvrit les yeux démesurément.

— Quoi ? L’extrême-onction ? Mais pourquoi ?… Non, je ne veux pas… Cependant.

Elle fondit en larmes.

— Oui, mon ami. Je vais appeler notre prêtre. Il est si charmant !

— C’est parfait ; c’est bien ! fit-il.

Le prêtre vint, administra le malade qui se calma, sentit diminuer ses doutes, et, par suite, ses souffrances. Il eut même une lueur d’espoir. Il se mit de nouveau à songer à son intestin et à la possibilité de guérir. Il communia avec des larmes dans les yeux.

Lorsqu’après la cérémonie on le recoucha, au premier moment il se sentit mieux et se reprit à