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écrite dans le style curieux, imagé que peut employer un marqueur ; la seconde est la description d’un caractère, d’un type de musicien prodigieusement doué, mais tout à fait ivrogne. Le Journal du Prince Nekhludov met en relief, à propos d’un fait personnel, l’universelle méchanceté. La conclusion est incertaine. Par son allure philosophique, ce récit révèle les préoccupations humanitaires qui devaient, comme on sait, avoir depuis la première place dans l’œuvre de Tolstoï.

La Tourmente de Neige est le modèle de ces narrations si fines, si amusantes, où s’est complu le talent du maître écrivain. La description de ce voyage terrible à travers un océan de neige, dans la tourmente glacée, est si parfaite et si vraie que le lecteur vit pour son propre compte tous les épisodes de l’aventure arrivée à l’auteur.

Le Bonheur conjugal nous montre une face nouvelle de son génie. Tolstoï, s’adaptant la mentalité féminine dans toutes ses grâces comme dans tous ses caprices, a fait de ce roman — les confessions d’une jeune femme — un véritable joyau littéraire. De telles choses ne se résument pas, elles ne peuvent que se lire. Le Bonheur conjugal est une longue page de rêve, de jeunesse, où plane, selon le mot heureux de M. Paul Birukov, cette grande pensée d’humanité qui est la marque de Léon Tolstoï.


Tome VI. — Trois Morts, récit (1859) ; — Polikouchka, nouvelle (1860) ; — Kholstomier, histoire d’un cheval (1861) ; — Les Décembristes, extrait d’un roman en projet (1861). Un fort volume in-16, sous couverture illustrée, orné d’un portrait de Tolstoï pris en 1860. Prix 2 fr. 50

Chacune de ces quatre œuvres a son caractère propre. Les deux premières sont profondément émouvantes, surtout la dramatique aventure de Polikouchka, qui, ayant mis sous son bonnet déchiré, l’argent de la maîtresse, le perd et se pend. Cette nouvelle — comme on le verra dans l’appendice — a été très remarquée dès son apparition. Kholstomier, la vie d’un cheval, donne une note infiniment émouvante. Cette étude d’une âme de pauvre vieux cheval est d’une finesse, d’une vérité prodigieuses. Quant aux Décembristes, on sait que ce roman — qui devait être le récit d’une conspiration et des épouvantables représailles qui l’ont suivie — n’a pas été achevé par l’auteur. Les extraits que nous donne ici le traducteur, M. Bienstock, feront regretter vivement que Tolstoï n’ait pu donner suite à son projet.


P.-S. — Tous les volumes, y compris ceux d’un même ouvrage, se vendent séparément.





ÉMILE COLIN, IMPRIMERIE DE LAGNY (S.-ET-M.)