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voix, — il m’est presque impossible de faire ce que vous voulez, mais pour vous prouver comme je vous aime et comme je respecte le souvenir de feu votre père, je ferai l’impossible. Votre fils passera dans la garde ; voici ma main. Êtes-vous contente ?

— Mon ami, mon bienfaiteur ! Je n’attendais rien d’autre de vous, je savais comme vous êtes bon. Il voulait s’en aller. — Attendez, deux mots… Une fois passé aux gardes… — elle s’arrêta, — vous êtes en bonnes relations avec Mikhaïl Illarionovitch Koutouzov, recommandez-lui Boris comme aide de camp. Alors je serai déjà tranquille et alors…

Le prince Vassili sourit.

— Cela je ne le promets pas. Vous ne savez pas comment on assiège Koutouzov depuis qu’il est nommé commandant en chef de l’armée. Il m’a dit lui-même que toutes les dames de Moscou se sont concertées pour lui donner leurs fils comme aides de camp.

— Non, promettez-le-moi, je ne vous laisserai pas, cher, mon bienfaiteur.

— Papa, — répéta du même ton la belle, — nous serons en retard.

— Eh bien, au revoir, vous voyez ?

— Alors demain vous ferez un rapport à l’empereur ?

— Absolument, mais pour Koutouzov, je ne promets pas.